Voici le nouveau mal du siècle : une course à la réussite pour avoir des enfants brillants, épanouis, gentils, bilingues et nourris au bio...
Nombre de parents épuisés et culpabilisés implosent sous le poids de ces injonctions.
Le culte de la mère parfaite ne date pas d'hier, mais auparavant il se cantonnait à la sphère intime. Aujourd'hui, réussir ses enfants est devenu un devoir social.
La tyrannie de l'exigence
Selon le philosophe Fabrice Midal, nous devons partout faire mieux et plus. « Comme si le mantra de notre société était "Ça ne sera jamais assez". Au travail comme avec les enfants, le burn-out est la maladie de ceux qui veulent répondre à cette exigence de la société, l'idée qu'il faut se sacrifier. »
La pression de la société est tellement intégrée que ce sont désormais les parents qui l'entretiennent entre eux.
Les images de la réussite
Désormais les mercredis virent au cauchemar : sport, activités artistiques, cours de langue... Selon la psychanalyste Sarah Chiche, il s'agit de la peur du vide. Alors qu'il est si précieux pour un enfant d'avoir du temps pour inventer, observer, devenir impatient de grandir. « On est pris au piège de vouloir non seulement l'enfant le plus adapté possible, mais de préférence un peu plus que les autres, meilleur. Il est devenu une préoccupation centrale, le signe extérieur de réussite de ses parents. »
La démission impossible
Dès la grossesse, la course est lancée. Comment faire un bébé zen, accoucher sereinement, allaiter sans souci... La liste est longue des how to qui jalonnent la vie d'une mère, des injonctions - souvent contradictoires - et des images d'Épinal où la vie des autres a l'air si facile et si radieuse.
Pas facile de rester dans la course et de garder le sens de l'humour. Celles qui craquent, et que l'on retrouve - de plus en plus nombreuses - dans les cabinets de psy, n'ont plus aucune distance, elles croulent sous l'immensité de la tâche, sans une seconde à elles, persuadées d'être les seules dans leur cas.
Un mécanisme proche du burn-out au travail. « Toutes les études confirment le parallèle, explique Moïra Mikolajczak docteur en psychologie, (...).»
« Le premier réflexe, pour s'en sortir, c'est de reconnaître qu'on est victime de cette pression, conseille Fabrice Midal. (...) Le mythe de la perfection est écrasant. Être humain, c'est faire des erreurs, ne pas être parfait. »